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L’environnement extérieur peut être un reflet de notre paysage psychique intérieur. Nos profondeurs intimes peuvent se refléter dans le monde extérieur, à condition de posséder le regard adéquat. Toute chose qui nous entoure, quelle qu’elle soit, peut donc entrer en résonance avec notre intériorité et nous enseigner.

Les cailloux sont des éléments du paysage qui sont négligés, voire méprisés, car ils génent la fluidité de la marche et la stabilités des mouvements de la roue. Ils ne font même pas partie de tout paysage qui se respecte, car à la fois trop proches, trop petits et inesthétiques. Ils sont trop nombreux pour être appréciés et reconnus. Leur force vient du fait d’être sous estimé. Et pourtant, ils peuvent entraver les mouvements des humains et même blesser, voire tuer. Ils sont aussi peu remarqués qu’ils sont dense.

Un caillou fait partie du règne minéral, le plus ancien et le plus cristallisé. En ce sens, ils partagent déjà une certaine partie des êtres vivants, qui possèdent aussi en eux un peu de minéral. C’est leur partie la plus archaïque. Un caillou ne bouge pas. Il roule tout au plus ballotté par la pluie ou les coups de pied des promeneurs. Il n’évolue pas, ou du moins son évolution est négligeable en comparaison de la temporalité humaine. Son évolution est la plus lente de tout l’environnement visible.

Ce caillou représente en nous la partie la plus sclérosée, la plus immobile. Ce caillou ce peut être nos certitudes auxquelles on s’accroche comme à une bouée de sauvetage, ces croyances cristallisées nous apportant du sens à nos vies et une identité. Y renoncer reviendrait à renoncer à nous-même, à traverser une petite mort symbolique. Ces croyances sont tellement ancrées et accrochées en nous, qu’il est impossible de les percevoir. Comme ce caillou dans le paysage. Et pourtant, un simple coup de pied pourrait le faire disparaitre de notre vue car il roulerait hors du chemin et disparaitrait dans l’herbe… Si solide et si fragile à fois. Si omniprésent et si absent à la fois. Une simple épreuve personnelle pourrait de la même manière balayer nos croyances qui semblaient pourtant les plus solides.

Ce caillou peut aussi représenter nos aspects intérieurs les plus pérennes. Car le temps vieillit les arbres et les animaux, les tempêtes balayent les êtres vivants et les végétaux, les incendies dévastent les paysages. Mais le caillou survit à tout. Il est la partie de nous même pouvant traverser les épreuves les plus épouvantables. Il peut nous inspirer à trouver en nous ce centre indestructible, assez solide et assez petit pour être négligé par les tumultes de la vie. Lorsque tout est emporté, seul subsiste notre partie solide comme le roc de l’éternel. Il représente notre lien aux vérités supérieures qui perdurent et traversent les cycles, notre part divine atemporelle.