« Le royaume des cieux est au dedans »
Luc XVII, 21
Notre dimension de profondeur est notre voie d’élévation. Percevoir et vivre notre dimension de profondeur est identique à discerner la présence divine en nous. Mais ces abysses intérieurs n’ont pas de fond, ils représentent une voie et un devenir. Et non une destination.
Au fur et à mesure de sa plongée intérieure, l’être capte une plus grand profondeur en lui-même et aussi à travers la réalité. Son intériorité résonne avec la vision de sa réalité.
Mais les premiers pas vers soi peuvent être difficiles, voire douloureux, car la dimension de profondeur ne prévaut d’aucune certitude, d’aucun pouvoir, d’aucune connaissance mentale. Se délivrer de sa surface, c’est sortir de la prison du petit moi.
C’est une table rase de son petit moi, une tabula rasa de sa conscience. Plus il plonge en lui même et plus il réalise sa séparation avec l’absolu, et plus il se rend compte de la profondeur immense du mystère. Plus il découvre son intériorité, plus il se rend compte de ses manques. Ce sentiment de chemin infini qui s’ouvre progressivement peut donner le vertige, peut frapper de sentiment d’impuissance. Que de chemin à parcourir… Plus le chemin vertical s’ouvre, plus les abysses deviennent profonds.
Cette sensation d’ivresse, d’être suspendu au bord du monde, au bord de son être véritable, est accablante au départ. Mais petit à petit elle devient le tremplin d’une extension plus haute, elle devient le toboggan d’une profondeur plus vaste. Il n’est plus question de haut ni de bas, d’intérieur ni d’extérieur; mais d’élévation et de profondeur simultanées.
L’être nageant dans la plénitude de son intériorité, traversant son propre mystère dans la constellation océanique du divin, passe très souvent inaperçu. Plutôt discret et quelconque, il convient de le découvrir progressivement.