« Quand vous foulerez aux pieds le vêtement de la honte et quand ceux qui sont deux deviendront un seul, qu’il n’y aura plus ni homme ni femme, que le mâle avec la femelle ne sera ni mâle ni femelle, alors finira le règne de la mort »  Évangile apocryphe des égyptiens

Mais d’où vient ce fameux androgyne ? Des divinités non-binaires se trouvent dans les mythologies les plus archaïques. Les anciens grecs avaient le personnage de Hermaphrodite, fils d’Hermès (mercure) et d’Aphrodite (venus). Cette dernière pria les dieux de ne faire qu’un corps d’elle et d’Hermès, elle fut exaucée. Hermaphrodite devint donc l’être mixte formé par la fusion de Mercure et de Venus. Cette approche de divinités hybrides leur a toujours donné une caractéristique semi-cosmique en même temps que semi-divine, notions les plus constantes héritées du fond des âges. Cette origine ne se trouve pas dans la philosophie récente mais dans l’ancienne mythologie polythéiste antique.

Aux origines, l’humanité comprenait 3 genres et non 2: mâle, femelle et un 3éme distinct réunissant les 2 autres. Le genre mâle était un rejeton du soleil, le genre féminin de la terre, et celui participant des 2 un rejeton de la lune, vu que la lune interagit en même temps avec le soleil et la terre.

Mais l’hermaphrodisme (approche sexuée) n’est pas androgynie (approche a-sexuée) : hommes et femmes ont une âme, et celle-ci est une émanation divine non sexuée. Dans l’androgynie, les 2 sexes se neutralisent, possédant une ressemblance avec la nature angélique (ou démonique) qui n’est pas fait pour la reproduction. L’unité androgynique n’est pas une unité procréatrice ; ce n’est pas un germe ni une famille virtuelle. C’est au contraire un couple délibérément stérile, réalisant son équilibre et son unité.

Dans les diverses cosmogonies, il y a une incontestable androgynie au sein même de la divinité créatrice, même pour l’agent démiurgique. Et puis il y a également une constante présence de divinités « ambiguës » dans les diverses mythologies et légendes ; dessinant une notion aussi ancienne qu’universelle. Des mythes païens aux systèmes ésotériques contemporains, de la mystique aux archétypes, de la cosmologie à l’alchimie ; l’androgynie est donc quasi omniprésente.

De l’androgynie primordiale (de l’unité primordiale qui a créé la dualité), il est maintenant question de la restauration de cette unité perdue, de transcender la dualité, d’accomplir l’unité au dessus de la dualité : c’est l’androgynie eschatologique. C’est à dire l’androgynie considérée comme fin dernière de l’homme ; quand il parviendra à la restauration de toute choses. Les hommes redeviendront comme avant la chute dans la dualité, donc parfaits, puissants et heureux. Selon Karl Ritter, la dualité est la cause de tous les maux, de telle sorte que la venue future de l’androgynat est seule susceptible d’abolir notre malheur ontologique.

Ceci prouve un souvenir et un désir : l’humanité conserve inconsciemment le souvenir d’un état originel d’unité, et ressent le désir d’y revenir afin d’être soulagé d’un profond déséquilibre. L’androgyne est donc l’alpha et l’oméga de l’histoire du monde. Rien de moins. La réalité la plus profonde n’est pas la nature masculine ou féminine, mais est au-delà de cette distinction. Elle les inclus et les transcende.

Mais les théologies des religions monothéistes patriarcales rejettent cette approche païenne car elles reposent sur la loi du ternaire (principe masculin originel créant le manifesté) et non sur ce principe d’unité originelle se manifestant en une dualité masculin – féminin. Adam est le nom personnel de celui qui fut le premier homme et le père du genre humain.

Voir : la loi du ternaire

Car pour les religions patriarcales, créer l’androgyne, c’est se substituer à l’émanation du Créateur, c’est s’interposer entre Dieu et sa création, c’est s’attribuer la place du pouvoir créateur.

Pour le patriarcat, il y a l’autorité du père créateur sur la femme. Pour les païens, c’est l’égalité homme / femme. En fait, l’homme et la femme servent de symboles à 2 logiques différentes :

  • d’un côté le patriarcat: le principe (masculin) supérieur (en fréquence) fécondant la matière (féminine) inférieure (en fréquence).
  • de l’autre le paganisme: un principe unitaire surnaturel se séparant en une dualité naturelle.

A l’époque antique, les êtres humains n’avaient pas de capacité d’abstraction : les principes abstraits étaient imagés, notamment par des symboles masculin / féminin. Rien à voir avec les genres hommes / femmes ! L’homme jouait le rôle de l’esprit, la femme celui de la matière. 2 000 ans après, la lecture est devenu littérale et historique…

 

Néanmoins, l’homme et la femme ne sont pas complet, ils sont séparés et isolés par leurs natures respectives. Cette séparation des 2 genres engendre blessures et souffrance « ontologique ». Mais cette distinction des sexes n’est pas accident ni erreur.

Voici les 3 niveaux de distinctions masculin / féminin avec chacun une logique de réunification individuelle des 2 polarités (=androgynie) :

  • Niveau matériel : création des êtres non binaires, ayant dépassé leur dualité physique homme / femme en incluant de manière fluide leur opposé. C’est la tendance actuelle du mouvement LGBT. Le corps devient androgyne. C’est la recherche de l’unité dans la matière.
  • Niveau psychique : l’homme possède l’anima (sa partie féminine) et la femme l’animus (sa partie masculine) : chacun se doit de le reconnaître et intégrer en soi ses parties respectives de l’inconscient. La psyché redevient pleinement androgyne et unitaire.
  • Niveau spirituel : les êtres ont à la fois un aspect féminin (se laisser verticalement imprégner et féconder par les forces divines) et un aspect masculin (exprimer horizontalement dans la matière l’expressivité unique de son âme). C’est l’androgynie spirituelle.

C’est donc avant tout en nous-même qu’il faut restaurer cette androgyne primordiale, de la dualité à l’unité ; de 2 faire 1 : physiquement, psychiquement et/ou spirituellement. Le futur appartient aux androgynes.