Apprendre est aussi important que désapprendre. Savoir comment apprendre est aussi important que savoir comment désapprendre.
Apprendre donne accès à la connaissance. Et la connaissance libère et émancipe. Mais cette connaissance peut également devenir prison par une vision dogmatique de la réalité qu’elle impose. La liberté devient enfermement, la connaissance apprise devient certitude et indirectement ignorance. Désapprendre c’est se délivrer, c’est pouvoir passer à un nouveau seuil de conscience où le type de connaissance sera différent, moins intellectuel et plus lié à l’âme. L’apprentissage n’est alors plus accumulation, mais absorption et inspiration. Le savoir n’est plus fardeau et analyse, mais légèreté et intuition.
L’être ayant accédé à ce seuil du mental supérieur et de la libération de la connaissance du passé peut éprouver une certaine tristesse d’avoir consacré une partie importante de sa vie, donné du temps et de l’énergie, pour des choses inutiles et encombrantes.
L’errance et les passages à de nouveaux seuils de conscience font partie du chemin. La recherche permet de découvrir et apprendre ce qui est juste, d’atteindre le centre et la pertinence des choses. Ceci fait appel à une nostalgie profonde cachée en nous d’une dimension à arpenter, d’une nouvelle connaissance à apprendre.
Un texte égyptien décrit cette démarche :
« Avant que la vie arrive à sa perfection
les deux tiers en sont perdus.
L’homme passe dix ans petit enfant
sans distinguer la mort de la vie.
Il passe dix autres années à s’instruire
pour connaître la vie…
Il passe dix autres années pour arriver au terme
avant que sa raison soit parvenue à l’expérience »
Que de connaissances apprise devenues inutiles. Que de temps précieux perdu avant de trouver la bonne connaissance à apprendre. Savoir apprendre doit être aussi important que savoir désapprendre : débarrassé du savoir devenu fardeau, l’être atteint la liberté et le vide nécessaires à l’acquisition de nouvelles choses. La vie s’étire alors dans un élan ininterrompu d’apprentissages, de délivrances et de nouveautés.
Désapprendre c’est pouvoir mourir à soi même, c’est faire table rase de ses connaissances et de ses modes de fonctionnements. C’est pouvoir renaître transfiguré.