C’est Alvin Boyd Kuhn qui a le mieux décrit les aspects ésotérique de Halloween dans son livre : « Halloween : a festival of lost meanings ».
Il ajoute une autre dimension symbolique et spirituelle à cette fête. En effet, bien au delà du folklore et des traditions, chaque fête païenne est en lien avec les cycles célestes et peut apporter un enseignement métaphysique sur l’incarnation de l’âme et sa destinée.
Tout d’abord le moment d’Halloween : le 31 octobre correspond à 40 jours après l’équinoxe d’automne. Ceci nous renvoie à l’astrothéologie et à un des 4 grands rendez-vous célestes dans l’année : les 2 solstices et les 2 équinoxes :
Car les solstices et les équinoxes dans ce cadre deviennent une métaphore céleste de l’incarnation et évolution spirituelle humaine, car la lumière du jour était comparée à la lumière divine et la nuit à la matière. L’équilibre et les variations de longueur des jours et des nuits symbolisaient la danse entre la lumière et les ténèbres, la spiritualité et la matérialité, l’Esprit et la matière.
Equinoxe de printemps : Les jours deviennent plus longs que les nuits. La lumière domine les ténèbres (L’être spirituel né)
Solstice d’été : Le jour le plus long de l’année = la lumière au zénith. L’Esprit au sommet (L’être spirituel réalisé)
Equinoxe d’automne : Les nuit deviennent plus longues que les jours. Les ténèbres prenent le pas sur la lumière (L’être matériel né)
Solstice d’hiver : La nuit la plus longue de l’année = les ténèbres au zénith. La matière au sommet (L’être matériel finalisé)
Pour résumer :
De l’équinoxe de printemps à l’équinoxe d’automne : les jours sont plus longs que les nuits
L’Esprit domine la matière
Ce sont les mondes supérieurs
De l’équinoxe d’automne à l’équinoxe de printemps : les nuits sont plus longues que les jours
La matière submerge l’Esprit
Ce sont les mondes inférieurs
40 jours après l’équinoxe d’automne : ceci nous renvoie à une maturation pour incarner quelque chose de nouveau dans la matière : 4 représente la matière, la stabilité du tangible. 40 à un temps de maturation, un cycle de transformation.
Donc Halloween, selon Alvin Boyd Kuhn, représente l’incarnation de l’âme dans le corps physique. Cette insistance d’Halloween sur le « stade animal », les aspects les plus violents, effrayants, fait écho aux thèmes de l’inversion des rôles et de la transgression que l’on retrouve également dans une autre célébration : les Saturnales.
Tout comme les Saturnales ont bouleversé les normes sociales, permettant aux éléments « inférieurs » de la société de régner brièvement, Halloween, selon Kuhn, représente une descente symbolique dans les aspects primitifs et instinctifs de la nature humaine. L’âme indomptée encore liée par ses limitations physiques, cherche à se libérer à travers les réjouissances et les actes symboliques d’Halloween. Cette focalisation commune sur une adhésion temporaire au « moi inférieur » renforce encore le lien entre ces fêtes apparemment disparates, suggérant un désir humain universel d’explorer les frontières de l’identité et de l’ordre social.
La lumière divine incarnée dans la matière est représentée par la Jack-o’-lantern, la lumière dans la citrouille. Cette lumière divine incarnée dans un corps affreux, au regard de la perfection des mondes supérieurs, révèle le contraste entre la perfection lumineuse divine et le monde matériel bestial. Bien qu’enfermée dans une bête en proie à ses aspects inférieurs, la lumière de l’âme brille toujours. Les masques animaux, les représentations effrayantes font le portrait de la déformation et de la défiguration de l’âme à travers les yeux et le corps matériel.
Les masques d’Halloween sont faits pour révéler les défigurations de la beauté du divin, dont la nature parfaite devient assombrie et corrompue par le corps animal, à travers lequel elle s’incarne et devient une manifestation concrète. Il y a donc une dualité entre la nature spirituelle et matérielle de l’être humain, entre l’Esprit et la matière. L’être humain est le résultat de l’union entre une âme immatérielle et un corps grossier. Halloween représente cette dualité, et nous rappelle le fait que derrière les masques violents guidés par des instincts inférieurs, se cache la lumière divine, parfaite et de toute éternité.