La voie de libération requiert énormement de courage, car elle exige de créer les conditions de détachement des multiples liens nous reliant au passé : historique, familial, culturel… Elle exige de se séparer de l’ancien afin de faire émerger le Nouveau dans sa vie professionnelle, familiale, artistique… Développer ses capacités, devenir plus libre et plus responsable sont différents aspects de ce processus. Chaque acte de véritable créativité, de faire émerger le Nouveau du néant, signifie accomplir un nouveau seuil de conscience et de liberté personnelle. Et ceci suppose un conflit intérieur significatif.

Réserver le courage seulement aux héros et aux artistes d’exception c’est ignorer la profondeur du développement intérieur de chaque être humain. Le courage est nécessaire pour chaque étape de libération, du passage de la multitude à une personne à part entière assumant et vivant ses aspects uniques. Chaque étape est une souffrance équivalente à sa propre naissance. Le courage c’est lâcher la sécurité du connu, du sécurisant, du familier.

Car chaque étape est un conflit intérieur à résoudre et à dépasser, conflit entre d’un côté l’ancien, la sécurité, le confort; et de l’autre rayonner sa propre fréquence dans le monde. Entre trouver et extérioriser l’être profond, et quitter le cocon du familier : le courage est exigé à la fois pour les décisions cruciales mais aussi pour les petites décisions au fil de l’eau plaçant les briques de la construction de soi même en agissant avec liberté et responsabilité.

L’être ancien est déconstruit, l’être nouveau est édifié. L’héroisme est plutôt extérieur, le courage est plutôt intérieur. L’héroisme c’est la bataille extérieure, le courage c’est le combat intérieur. De l’extérieur il y a peu à voir, tout se passe dans les profondeurs de la psyché et dans les dimensions subtiles lors d’une libération personnelle. Le voyage intérieur vers les rives de la liberté intérieure est plus exigeant que défendre la liberté extérieure.

Il est souvent plus facile de jouer la victime que de faire preuve de courage et chercher ses ressources intérieures de libération. La croissance de la liberté est un processus lent, progressif qui exige un courage et une persévérance. Si héroïsme il y a, c’est la potentialité intérieure de chacun.

Les héros qui ont pu mener des combats extérieurs sans conflit intérieur peuvent dépasser la souffrance physique par l’entrain du conflit. Il n’est pas question ici de courage extérieur, mais un courage moral de s’engager personnellement pour des valeurs intérieures totalement étrangères à son environnement et son histoire, et s’y tenir envers et contre tous. Le conflit devient à la fois extérieur face à son environnement, mais aussi et surtout intérieur face à sa psyché.