Quelle relation peut exister entre l’éternel et le temporel ? Entre le plan créateur et le plan créé ? Le divin et l’humain ? Ces deux mondes sont comme deux interlocuteurs que tout oppose, deux étrangers que tout sépare.

Dans ces conditions, quelle relation peut s’instaurer et comment établir un pont afin de pouvoir créer les potentiels d’un échange ?

Le plan créateur est puissance et lumière. Il doit s’entourer de voiles et s’envelopper d’une ombre afin de ne pas consumer l’être humain.

L’humain ne peut que percevoir ce qui lui ressemble et ce qui lui correspond. Cette ombre serait donc le pont, la correspondance entre le créateur et le créé. Elle attire l’humain car elle en est son prolongement. L’humain retrouve une familiarité et une atmosphère correspondant à son existence. L’ombre entraîne un climat dans lequel la matière s’enracine et de déploie. Le créateur projette son ombre, qui invite l’humain à percevoir et entendre les murmures du divin.

L’ombre portée de la source de lumière vers la matière créé un pont. Elle unit la lumière pure et la matière la plus dense. Elle n’efface pas les différences mais permet de projeter des contrastes et des nuages au coeur de la matière humaine. Car l’important n’est pas de voir le divin, ce qui est impossible, mais d’être vu par lui.

Une partie des humains ne sont pas perçus par le divin. Mais cette exclusion provient de l’humain lui même, c’est lui qui veut se cacher et éviter l’ombre portée du divin sur lui. L’humain non orienté vers la dimension divine se trouve incapable de discerner sa manifestation. Il ne lui est pas possible de la remarquer et comprendre sa véritable signification. Le regard et l’ouïe fermés, il ne peut pas lire les messages de cette ombre projetant son essence intérieure, éclairant ses propres contrastes et paradoxes. 

Car le divin se révèle par l’ombre portée. L’ombre voile le divin mais découvre la matière. L’ombre cache la source mais provoque des contrastes dans le monde humain. 

Le divin signale sa présence par l’ombre qu’il projette et que l’humain reconnait. La rencontre s’établit. Le divin s’humanise par l’ombre. L’humain se divinise en partie en se laissant traverser par cette ombre.

Cette ombre est lumière pour ceux ayant le regard ouvert à la dimension divine. Mais elle devient ténèbre aux yeux de ceux fermés à toute vérité supérieure.