« il n’y a aucune voie vers la délivrance, puisque nous n’avons jamais été asservis… il n’y a à aller nulle part, il n’y a rien à faire. L’homme n’a rien à « faire » directement pour éprouver sa liberté totale et infiniment heureuse. Ce qu’il a à faire est indirect et négatif. Ce qu’il a à comprendre c’est l’illusion décevante de toutes les voies qu’il peut se proposer. Lorsqu’il aura dévalorisé la notion même de toutes les voies imaginables, alors éclatera le « satori», vision réelle qu’il n’y a pas de voie, parce qu’il n’y a à aller nulle part, parce que de toute éternité on était au centre unique et principiel de tout. »

Dr. Hubert Benoit

 

 

Passer de notre périphérie à notre centre est la voie de libération, elle l’a toujours été.

Mais à la périphérie se tient la personnalité: elle semble forte, omniprésente, omnipotente et omnisciente.

Des religions et des enseignements proviennent souvent de fondateurs, de visionnaires. Mais lorsque le fondateur devient plus important que son enseignement, que le messager éclipse le message, toutes les possibilités de déformations et les perversions apparaissent. Car le maître devient le principe unique d’élévation et de libération, et non plus son enseignement. C’est alors l’apparition du symptôme messianique. Le mouvement devient institution, les enseignements dogmes, le fondateur sauveur.

La personnalité du fondateur d’un mouvement spirituel ou d’une religion est important pour son apparition et son développement, personnalité autour de laquelle se bâtit le mouvement. Mais l’enseignement devenant une institution, il se détache de son principe fondateur. Il devient figé, car immobilisé par des intérêts temporels et personnels. L’enseignement devient littéral et historique: le fondateur, au lieu d’être un modèle à imiter devient une vedette à admirer. L’admiration remplace l’enseignement, l’idolâtrie efface nos profondeurs, l’interprétation littérale occulte toute résonance avec l’intériorité. Tout devient extériorisé.

Nous sommes nous même notre geôlier et notre libérateur, nous sommes à la fois les artisans de notre asservissement et de notre libération, les acteurs de notre esclavage et de notre émancipation. Les barreaux de notre prison ont été forgées par nous seuls, il n’appartient qu’à nous de les ouvrir.

Les enseignements des êtres réalisés, fondateurs de mouvements spirituels, nous montrent par leurs exemples la voie de la libération. Ils servent d’exemples, de miroirs à notre propre réalisation individuelle. Mais cette dernière ne peut être réalisée uniquement par nous même, par nos expériences, nos joies et nos souffrances.

Nous sommes notre unique sauveur. Chercher uniquement l’aide extérieure nous éloigne de nous même, nous ampute de notre potentiel unique de libération. Tout est là, en nous. Des profondeurs de notre âme, à nos structures psychiques et notre corps matériel. Rien ne manque. Il suffit juste de plonger et nous, et communier entre les différents niveaux de notre être.

La connaissance de soi est la clef ouvrant cette voie. Et les enseignements sont là pour nous aider dans ce processus, à condition de les aborder dans leurs dimensions justes. La voie de libération n’est pas orientée vers l’extérieur, mais vers l’intérieur. Prendre contact avec la réalité à partir de notre centre, et non plus de notre surface, c’est mettre la personnalité à sa juste place. Tout espoir, attente, culte sont des impasses nous éloignant de nous même.

Il n’est alors plus nécessaire de chercher hors de soi, la voie intérieure individuelle et unique devient évidente. Mais il s’agit de quitter un état d’infantilisme et de passivité, et prendre son destin céleste en main. Il s’agit aussi de se délivrer de sa propre personnalité, comme des personnalité extérieures. Il s’agit de devenir impersonnel, de mourir à nous même.

Les sauveurs extérieurs deviennent alors des résonances de nos propres profondeurs, de simples phares de nos propres ténèbres. Ils ne sont pas notre chemin, mais le montrent.