La nature nous enseigne, elle dessine le paysage de notre psyché, elle révèle le mystère de ce qui est caché. De ses contours et de ses nuances se déploient devant nous nos profondeurs inatteignables et insoupçonnées. Ses aspérités sont parfois douces et nuancées, parfois tranchées et contrastées.

Cette montagne extérieure, c’est notre montagne intérieure, sa hauteur visible symbolise notre abysse invisible. Si immense, elle se conquiert par la volonté de se dépasser. Car le monde spirituel est purement ascensionnel.

L’ascension extérieure, c’est notre plongée intérieure. Le but : atteindre le sommet. Et le sommet intérieur est notre plus grande profondeur. Au sommet comme au fond, tout est dépouillé. La montée extérieure et la descente intérieure ont ce point commun : elles donnent accès à la solitude. Mais ce n’est pas une solitude de vide et d’isolation, c’est une solitude de plénitude et d’authenticité. Elle engendre de vrais amis et un renouvellement de l’existence au profit de l’essentiel.

Durant l’ascension, le paysage se réduit. Des vastes forêts des plaines et des étages inférieurs, les paysages se vident au fur et à mesure de la montée. Les arbres rétrécissent et disparaissent, les habitations se rarifient. De la même manière, tout se qui compose le monde intérieur se réduit durant l’intériorisation.

La plénitude nécessite un vide préalable, l’ivresse des sommets s’atteint lorsque tout est réduit à l’essentiel. Dans les hauteurs des montagnes ne subsistent que quelques végétaux et quelques animaux. Le minéral, règne de base sur lequel s’est construit la vie, devient omniprésent.

Mais atteindre un sommet est exigeant et dangereux. Aucune habitation stable n’est possible sur un sommet, de la même manière aucune certitude de la personnalité n’est pérenne dans son intériorité la plus profonde. L’ascension, voire l’alpinisme place les être dans une exigence de vigilance : les glissements de terrain, les risques de chutes mortelles, les variations brutales de météo et de températures… La ligne de crête de la conscience place les êtres dans une exigence de tous les instants : chaque erreur, écart par rapport à soi même ou croyances distincte des loi supérieures peut être rectifiée brutalement. La conscience spirituelle de ses sommets intérieurs exige une rectitude.

Au sommet, la vision s’élargit et il est possible de contempler les plus vastes des paysages. A son intériorité la plus profonde, le regard divin et impersonnel élargit son champ de perception. De nouvelles perspectives qui nous semblaient auparavant inconnues apparaissent.

Gravir une montagne en conscience, c’est atteindre la profondeur du divin.