Sélectionner une page

Il y a environ 400 ans, l’adoption d’un modèle héliocentrique du système solaire détruisit le rapport au monde sur lequel la spiritualité humaine fut basée pendant au moins 5 000 ans. Il est possible d’affirmer que toutes les littératures spirituelles étaient auparavant construites sur les normes cosmologiques du modèle géocentrique. Bien que le géocentrisme était qualifié d’imprécis par la pensée rationnelle et le scientisme, elle représentait un ordre du cosmos sur laquelle se sont construits les traditions spirituelles, reliant l’existence du monde humain à l’éternité. Elle inspirait les poètes et structurait les mystères anciens. Le géocentrisme offrit donc une vision spirituelle majeure au cours de l’histoire humaine pendant des milliers d’années.

Le modèle planétaire géocentrique était un modèle autant scientifique que philosophique. Il reposait sur deux principes :

– la terre est immobile au centre de l’univers. Les changements des saisons, les jours et les nuits se font par des mouvements extérieurs à la terre.

– Les mouvements des planètes sont parfait, donc circulaires. Les mouvements angulaires ou rectilignes étant considérés comme brusques et forcés.

Le modèle héliocentrique lui place le soleil au centre de l’univers, la terre est alors vue du système solaire. Cette représentation reste globalement acceptée pour décrire le système solaire. Les principes de base sont :

– le soleil est lui-même en révolution autour du centre galactique, les galaxies sont elle aussi en mouvement.

– L’univers ne peut admettre de centre, ni même de point privilégié.

La vision du monde géocentrique devint un large corpus à travers les textes religieux, les enseignements initiatiques des écoles des mystères, mais aussi la tradition poétique cherchant une carte topographique inspirante, structurante et remarquablement spécifique. Elle fut le terreau structurant des nombres astronomiques, des suites de Fibonacci et du nombre d’or. Le modèle géocentrique occidental puise ses origines dans la Grèce ancienne avec Pythagore. Mais elle fut écartée au 16ème siècle par Copernic. Car ce passage d’un système à un autre fut l’objet d’une guerre entre les théocraties religieuses & initiatiques de l’époque et la science moderne émergente.

Le modèle géocentrique fut alors totalement rejeté, et avec lui toute la littérature spirituelle et la philosophie mystique qui s’étaient construites autour de cette symbolique de base. La science naissante effaça d’un revers de main les mythologies anciennes afin d’imposer sa logique unique et dogmatique d’explication du monde. Toutes causes mystérieuses du mondes disparurent, remplacées par des lois physiques réelles et naturelles sans aucun dieu ni esprit impliqué dans cette nouvelle réalité. La science fit table rase du passé et s’imposa de manière totale et irréversible.

Que cette nouvelle vision du monde soit juste ou pas n’est pas la question : en effet tout l’héritage spirituel de l’humanité devint soudainement illisible car la grille de lecture géocentrique disparut.